L’histoire de Sienne

La ville de Sienne est une légende à elle-même. Cette bourgade de Toscane, rivale de Florence, a réussi à traverser les âges, les époques et les guerres. Témoin privilégiée des transformations que l’Italie a opérées lors de son histoire, découvrons ensemble les miscellanées de la République de Sienne.

Tout commence un beau jour sous l’Empire Romain. Certains racontent que la ville de Sienne a été bâtie par les neveux de Romulus, lui-même fondateur de Rome. Romus, son frère avait deux enfants, Senius et Aschius. Ces deux derniers fuirent Rome pourchassé par son fondateur, et oncle, Romulus. Les deux frères étaient suivis par deux chevaux, un blanc et un noir données par Diane et Apollon. Les corps épuisés, ils finirent par s’arrêter dans la colline de Tessa, érigent un village et baptisent l’endroit d’après le nom de l’ainé, Saena Julia. Le blanc et le noir deviennent alors les couleurs de la ville.

Les années passent et la ville n’est pas épargnée par la grande peste noire. Cette peste bubonique est incurable, elle est causée par la bactérie yersinia pestis et a touché tout le bassin méditerranéen allant jusqu’à Reykjavik, Moscou et Persépolis. La peste de 1348 a directement touché la Toscane car Florence était considérée à l’instar de Paris, Bruges et Lübeck comme étant ville victime. La route entre les deux villes médiévales de Florence et Sienne était l’une des plus fréquentées du Moyen-Âge. Cela n’était donc pas étonnant que notre ville soit frappée de plein fouet par cette maladie. A noter que Milan a relativement été épargnée par l’épidémie de peste… étonnant!

Il faut savoir que l’Italie aux temps du Moyen-Âge était plus connue sous les Etats Pontificaux. Une branche de l’Europe divisés en une multitude de petits Duchés plus ou moins puissants, obéissant aux intérêts des petits seigneurs locaux. Les Duchés se battaient entre eux pour obtenir des petites colonies qui serviraient comme base avancée pour le commerce, la Défense et la promotion des intérêts de la couronne. Les Catalans eurent Alghero en Sardaigne, les Florentins héritèrent de île d’Elbe et les Siennois du gros rocher de Giglio Porto. Les deux fils de Remus pouvaient se vanter d’avoir légué un beau pays ! Sienne a été un haut lieu du débat entre les Guelfes et les Gibelins, les uns étant pro-Catholique expansionnistes et les autres d’une mouvance pro-Etatique laissant Dieu de côté et se concentrant sur le commerce à la Hollandaise. Nous pouvons notamment les comparer aux légitimistes et les Royalistes de la maison Capétienne d’Orléans aux temps des Révolutions Française de 89 et 93. En Toscane, lorsque les débats étaient trop mouvementés, chacun revenait dans son fief et se déclarait la guerre.

Au cours du XIIe siècle, les frontières de Florence et de Sienne se rejoignaient au sud, apportant son lot de différents en ce qui concerne les revendications maritimes. C’est alors qu’en 1260, la Bataille de Montaperti éclata afin de décider qui aurait l’hégémonie en Toscane. La République de Sienne gagna cette manche! Ce ne fut qu’une manche car neuf ans plus tard, en juin 1269, peu de temps avant l’apparition de la peste, les deux factions se donnèrent à un sanglant spectacle: la Bataille du Col. Les troupes florentines étaient menées par le dernier fils du Roi de France Louis XVIII, Charles Ier d’Anjou. Malgré les sous effectifs flagrants, les 1 100 florentins réussirent à vaincre les 9 500 siennois. Le col du val était un échec cuisant, voire une humiliation! Les deux patries s’affrontaient aussi en architectures et beaux arts.

Tous les ans, les 2 juillet et 16 août une course de chevaux était organisée dans les rues de Sienne au départ de la Piazza del Campo. Cette manifestation culturelle était nommée le « Palio de Sienne ». Un palio était une course de chevaux à travers le Palais Public, la Torre del Mangia, dont les origines remontent aux temps médiévaux. La première course correspondait à la date de la visitation de la Madone de Provenzano et la deuxième était dédiée à la Vierge Marie. Continuons sur la lancée culturelle et parlons de Simone Martini. Elève de Filipuccio, ce peintre s’inspirait des sculptures italiennes et de l’art gothique français. Un de ses principaux chefs d’oeuvre est la fresque de Maestà datant du XIVe siècle. Ce fut le mouvement du maniérisme qui prit la relève au cours du XVIe siècle. Ce mouvement a contribué à la Renaissance italienne avec Salimbeni, Vanni et Manetti aux commandes. C’est au XVIIe siècle, et plus précisément en 1691, que Sienne vit apparaitre l’Académie des Sciences. D’après son fondateur, Gabrielli, doyen de médecine et de sciences botanique, son but premier était d’analyser le monde physique à travers les nouvelles méthodes d’hypothèses révolutionnaires. Elle est la quatrième meilleure académie d’Europe après Rome, Paris et Bologne. Cette académie regroupait des échantillons géologiques, minéralogiques ou bien botaniques très précieux. Vous aurez notamment l’occasion d’y apercevoir un bout de météorite ayant frappé les environs de Sienne.

Comment parler de Sienne sans parler de vin ?

La Toscane est l’une des régions les plus prolifiques en raisins et vignobles. Le plus iconique restant bien sûr le Chianti ! La route des vins déambule à travers les milliers d’hectares des cépages du Chianti Classico DOCG. Les Chianti ont souvent été imités mais jamais égalés.

C’est le Grand Duc de Sienne qui, en 1716, émet un édit reconnaissant officiellement les limites géographiques afin d’enrayer la contrefaçon. Malgré ce texte, les contrefaçons ont continué à proliférer si bien qu’en 1924 la résistance pris place. Un groupe de vignerons se rassembla afin de promouvoir leur vin et défendre leur savoir faire. Ils gravèrent un coq noir, symbole de Sienne, afin de reconnaître les vrais des faux. Cet emblème a pour origine la rivalité historique entre les villes de Sienne et Florence. Après de nombreuses années de guerres et d’instabilité, les deux cités de Sienne et Florence fixèrent la frontière de manière étonnante. En effet, il fut décidé que la nouvelle frontière serait définie par le point de rencontre des deux cavaliers. Lorsque le coq crie, un cavalier part au galop jusqu’à la ville rivale. Les Siennois ont choisi un gros coq blanc alors que les florentins ont pris un coq noir qu’ils affamaient. Le jour de la course, la bête s’éveilla très tôt et chanta très fort afin de crier famine. Le chevalier florentin se mit ainsi en route tandis que son homologue siennois lui se réveilla normalement au lever du jour. Les deux cavaliers se rencontrèrent à Fonterutoli, à seulement une dizaine de kilomètres de Sienne. Voici comment la plupart de la vallée du Chianti tomba sous la juridiction de Florence. Le coq est l’emblème historique du Chianti, cependant personne ne sait ce qu’il advint du coq héroïque, qui a rendu service à la patrie florentine.

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